Notre sculptrice danoise de choc, Tilde Grynnerup nous fait l’honneur de nous confier sa toute pemière exposition solo à Paris, du 23 avril au 4 mai dans notre Oasis. Découvrez ses sculptures graphiques et équilibrées au 40 rue des Petits Carreaux du mardi au samedi de 11h à 19h. L’artiste se laisse guider par ses sensations et son intuition pour composer ses sculptures en bois aussi sophistiquées que délicates. À travers de cette interview, Tilde se livre sur son travail, son parcours et ses inspirations et nous offre ainsi toutes les clefs pour décrypter son talent !

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L’ESSENCE, SA GENESE

✦ Quel est ton parcours et quel a été le déclic qui t’a amenée à l’art et à la création ?

J’ai une formation en textile et en broderie. Mais, ayant grandi avec un père menuisier, le travail du bois a toujours fait partie de ma vie. Je pense que je crée depuis que je suis toute petite, de la musique, de la mode, des idées. Créer est aussi urgent pour moi que de respirer. Mais je pense que le déclic qui m’a fait commencer la sculpture s’est produit quand j’ai arrêté de jouer de la musique, j’ai instantanément eu besoin d’un nouveau moyen pour m’exprimer. L’atelier de menuiserie de mon père était à portée de main, et il m’a semblé tout à fait naturel de continuer mon exploration artistique dans cette pièce. Je m’y sentais vraiment chez moi.

✦ Quel médium t’inspire le plus ?

Je suis inspirée par tous les média. Parfois par la poésie, parfois par la musique, mais le bois et le tissu sont toujours très chers à mon coeur, et à mes mains.

✦ Quel est ton processus de création ?

Quand je crée des sculptures en bois, je commence généralement dans mon atelier à la campagne, en jouant avec différentes formes de morceaux de bois, des restes et des chutes. C’est un processus très intuitif. Parfois j’ai une idée du résultat que je souhaite obtenir, parfois non. Le tout est de trouver un équilibre à la composition tout en créant une certaine tension pour qu’elle reste intéressante. J’assemble le tout et je le ramène dans mon atelier en ville où je le peins. Et là c’est le même processus : trouver le bon dosage entre équilibre et tension. Et quand c’est terminé, c’est terminé, je le sais. Le processus repose surtout sur l’intuition et le ressenti.

✦ Tes œuvres sont-elles totalement abstraites ?

La plupart de mes œuvres sont abstraites mais parfois j’explore un peu plus le champ du figuratif, par exemple dans les natures mortes en relief, le texte et la broderie, la photographie, etc. Je n’ai pas d’exigence précise, si ce n’est que mes œuvres doivent être authentiques.

✦ Quelle matière rêves-tu de travailler ?

Je rêve de travailler l’or. Mon père dit que tout redevient toujours poussière, sauf l’or. L’or est éternel.

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SES INFLUENCES

✦ Quelle œuvre d’art choisirais-tu pour t’accompagner toute la vie ?

Mon impression en édition limitée de Wes Lang et une magnifique peinture de Carlos Garcia-alix.

✦ Quelle est l’exposition, l’artiste ou l’œuvre qui t’a le plus émue ?

Je suis tout le temps émue donc c’est dur de déterminer quand je l’ai le plus été, mais je suis récemment allée au nouvel opéra de Copenhague où j’ai assisté à Madame Butterfly de Giacomo Puccini, et ça m’a émue aux larmes.

✦ Une pièce de mobilier design qui te fait rêver ?

La chaise Sedia Tonda du Edoardo Lietti Studio.

✦ Un endroit qui t’inspire et te ressource ?

La plupart des endroits dans la nature et, en fait, aussi les musées. Je trouve que l’atmosphère d’un musée respire l’énergie de tous les artistes qui, à travers le temps et l’espace, ont consacré des heures de temps, d’attention et d’efforts aux œuvres d’art exposées. Ça remplit les pièces et en fait un lieu inspirant et apaisant, que l’on aime les œuvres ou pas. Je ressens la même chose à propos des librairies. Elles sont remplies de l’énergie des milliers de gens qui ont passé une partie de leur vie à écrire des livres. Ces trois lieux me rappellent que je fais partie de quelque chose de plus grand, ce qui est très ressourçant et inspirant.

✦ Une couleur de prédilection ?

J’aime toutes les couleurs mais c’est le rouge que j’aime le plus.

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LAST BUT NOT LEAST !

✦ Quelle est la journée type de Tilde Grynnerup ?

Une journée type pour moi commence par un réveil tôt avec mon fils. Ensuite je travaille dans mon studio à Copenhague ou alors je conduis jusqu’à mon atelier dans les bois. Souvent, si je suis en ville, je prends un café avec ma meilleure amie Aya au milieu de la journée. Parfois je me balade pour avoir de l’inspiration et, dernièrement, je cours un peu au parc pour me vider la tête après une journée de travail. C’est très routinier, mon mari et mon fils insistent pour avoir des heures fixes pour dîner, et je pense qu’ils savent ce qui est bon pour moi.

✦ Avec ton expérience du monde de l’art, que dirais-tu à un artiste qui se lance aujourd’hui ?

Trouvez votre propre voix, soyez persévérant et soyez patient. Libérez-vous des attentes des autres et amusez-vous !

✦ Quel est le rôle de Wilo & Grove dans l’évolution de ton parcours en tant qu’artiste ?

Wilo and Grove dégage une énergie légère et fun que j’adore ! Tout en étant très professionnel et en prenant les choses au sérieux, l’ambiance parfaitement informelle me plait beaucoup. Ils m’ont, sans aucun doute, ouvert le marché au niveau international.

✦  Une anecdote que tu voudrais partager à nos Wilovers  ?

Quand j’étais plus jeune, je pensais que l’art visuel était réservé aux riches ou aux privilégiés. Je ne me sentais pas assez intelligente pour le comprendre, c’était comme si je n’y étais pas invitée. Ce n’est qu’assez tard dans ma vie que j’ai réalisé qu’il n’était pas nécessaire d’être invité ou même de comprendre. L’art est simplement là, fait par des personnes visionnaires, inspirées et géniales, et si vous le ressentez, c’est déjà bien. Je pense que la première artiste qui m’a vraiment marquée est Yoko Ono. Plus particulièrement ses premiers travaux conceptuels. Puis il y a eu Louise Bourgeois, Meret Oppenheim, Miranda July, Tracey Emin, et beaucoup d’autres artistes féminines au fil du temps. Leur art était comme une musique pour moi, l’expression des sentiments dans leur forme la plus pure. Je me sentais y appartenir et je m’y sentais invitée.

✦ Des projets à venir ?

J’ai quelques projets. Un livre, une exposition et, j’espère, par la suite, quelque chose qui implique d’autres personnes que moi.

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