Hubert Mardi crée de gracieuses compositions alliant un tracé sobre et minimaliste creusé dans la peinture fraîche, à des aplats graphiques.

✦ Quel est ton parcours et quel a été le déclic qui t’a amené à l’art et à la création ?
J’ai fait des études d’art à l’École des beaux-arts de Nîmes où j’ai eu mon master. Ma famille a vite cru en mes capacités artistiques et m’a soutenu pour les concrétiser. J’ai vu beaucoup d’expositions, aussi bien de l’art moderne que de l’art contemporain. J’aime beaucoup le dessin et l’édition. J’ai aussi pratiqué la sérigraphie. Ce sont les expérimentations artistiques dans différents médiums qui m’ont amené à mon travail actuel.
✦ Quel médium t’inspire le plus et pourquoi ?
Je dirais que les dessins de Cocteau, les esquisses préparatoires de Picasso, le style simple et épuré des dessins de Matisse m’inspirent beaucoup. Au-delà du médium, c’est surtout l’essence qui se dégage de leurs travaux artistiques qui m’inspire. En peinture, l’esthétique architecturale très concrète du Suprématisme Russe m’a inspiré les formes noires de mes tableaux. La gestuelle libre de l’expressionnisme abstrait et l’action painting de Pollock m’ouvrent le champ des possibles quand je dois poser une ligne abstraite dans mes compositions.
✦ Quel est ton processus de création ?
Je pense d’abord une esquisse sur une tablette numérique que je travaille à volonté pour être satisfait du résultat. Je pioche mes sujets dans une liste très précise que j’ai élaborée et que j’appelle mon « vocabulaire ». Je traite mes sujets avec des lignes qui viennent les suggérer. Ensuite, je travaille l’ensemble dans une composition semi abstraite en ajoutant des fils qui vont lier ces « marqueurs du réel » (référence aux « certitudes » de Braque : des éléments tirés du réel venaient ponctuer ses compositions abstraites, dans l’optique de ne pas sombrer dans l’abstraction totale).
Pour mes tirages, je reste sur un visuel simple. Je le traduis en données numériques, et la machine vient tracer à l’aide d’un crayon fusain, mon esquisse, reproduite en série limitée, sur du papier recyclé.
Pour mes peintures, j’intègre ma composition dans des formes géométriques architecturales (noires, blanches, beiges) et je produis l’ensemble sur des toiles. Je gratte la peinture épaissie avec du plâtre encore mouillé.
✦ Quelle matière rêves-tu de travailler ?
La céramique avec des machines 3D.





✦ Quelle œuvre d’art choisirais-tu pour t’accompagner toute la vie ?
L’ensemble du travail de Matisse.
✦ Quelle est l’exposition, l’artiste ou l’œuvre qui t’a le plus ému ?
La dernière en date fut celle de Jean Arp à Alés, au musée Pierre André Benoit. Je ne connaissais pas cet artiste et son esthétique m’a tout de suite séduit. Il fait écho à l’univers artistique que j’essaye de développer. De plus, il avait une liberté totale d’expression tout en utilisant quand même un procédé créatif très important.
✦ Une pièce de mobilier design qui te fait rêver ?
Un buffet scandinave.
✦ Un endroit qui t’inspire et te ressource ?
Je choisirai Instagram pour l’inspiration. Je me sens bien chez moi mais chez mes parents, dans le sud, je sens que je me ressource réellement.
✦ Une couleur de prédilection ?
Le beige et plus précisément le gris chaud.


LAST BUT NOT LEAST !
✦ Quelle est la journée type de Hubert Mardi ?
Je connais deux phases, soit je compose mes œuvres avec ma tablette soit je produis.
Quand je compose, les journées sont studieuses. Généralement, je me cale dans le canapé ou le fauteuil et je dessine beaucoup. Puis, je laisse reposer et je reviens sur mes dessins quelques jours plus tard. C’est une période de doute, de repentir : un travail cérébral.
Et, une fois que j’ai dessiné une série, je prends une journée pour produire une œuvre. Tout va vite, tout s’enchaîne. Le processus est clair sauf quand je veux expérimenter une nouvelle teinte. C’est terrible ces moments, puisque je dois attendre que ça sèche avant d’avoir le résultat.
✦ Avec ton expérience du monde de l’art, que dirais-tu à un artiste qui se lance aujourd’hui ?
De ne jamais douter, de toujours persévérer. Savoir vendre son travail est un plus. Définir son style est un must.
✦ Quel est le rôle de Wilo & Grove dans l’évolution de ton parcours en tant qu’artiste ?
Une aubaine. Je connais peu d’autres galeries en tant que jeune artiste et je peux dire qu’être représenté par W&G est la meilleure chose pour ma carrière. Nous nous entendons super bien mais plus encore, le style de la galerie correspond totalement à ce fameux univers esthétique que je développe.
✦ Un accident d’atelier ou un imprévu qui s’est intégré à ta technique ? Ou une anecdote que tu souhaiterais partager avec nos chers Wilovers ?
Au départ, j’ai développé mon système de tirage avec le robot parce que j’aimais beaucoup l’idée de « reproduction de l’unique ». Cette thématique je l’avais développée pendant ma formation à la sérigraphie. J’étais tellement nul, que chacun de mes tirages ne ressemblait jamais au précédent. De ces accidents, j’ai défini une ligne directrice conceptuelle, qui m’a amené à utiliser un robot avec un crayon fusain.
✦ Des projets à venir ?
Encore plus de peintures, plus de tirages, et de choyer ma collaboration avec W&G.

