La pratique d’Alphée Ballester est enracinée dans une météorologie émotionnelle — un art du climat intérieur. Ses œuvres en techniques mixtes se déploient comme des cartes poétiques de la psyché, retraçant des états de trouble, de résilience et de régénération. Diplômée de l’école Penninghen et issue d’une lignée de femmes artistes, Alphée a d’abord passé quinze ans dans le monde effréné de la publicité avant de revenir à la lenteur, à la respiration, à une forme de présence à soi à travers la peinture.
Son travail met en parallèle la vulnérabilité de la condition humaine et la fragilité du monde naturel, formant un écosystème de textures, de gestes et de collisions. Créées selon un processus intuitif à partir de papiers faits main (du Népal ou du Japon), d’oïl stock, d’acrylique, de pastel et de crayon, ses compositions deviennent des paysages abstraits, des jardins intérieurs, des cartographies du ciel. Déchirés, superposés, rapiécés, ces fragments résonnent avec la mémoire, l’actualité ou le rêve éveillé.
Ses deux grandes séries, Variations de Ciel et En Fleur, traduisent des états changeants du climat extérieur autant qu’intérieur. Les Variations de Ciel dépeignent une atmosphère contemplative — un ciel gris traversé par une éclaircie inattendue, entre mélancolie et espoir. À l’opposé, la série En Fleur exprime une vitalité urgente, organique et incarnent des moments d’éclosion, de confusion, de transformation — où les pétales deviennent blessures, les saisons se mélangent, et le corps émotionnel surgit du chaos.
Le processus d’Alphée allie spontanéité et maîtrise — des gestes vifs, équilibrés par un travail méditatif de la matière. Son langage visuel fusionne nature et psyché, rupture et réparation, douceur et force. À travers ces œuvres riches en texture, elle nous ouvre un espace de régénération — où le chaos et l’apaisement coexistent, et où le paysage du monde reflète celui de l’âme.
