Artiste parisienne, Pascaline Sauzay est « addict » à la recherche créative et au plaisir de mettre en forme une idée ou une intuition. Dans ses collages, elle déconstruit des images issues de magazines et se les réapproprie de manière singulière. Ces assemblages réalisés très librement engendrent un nouveau vocabulaire de formes qui répondent à une démarche purement plastique ou instinctivement émotionnelle. Pascaline trouve de l’inspiration dans la rigueur et la pureté formelle des peintures et sculptures des minimalistes et post-minimalistes.

L’ESSENCE, SA GENESE
✦ Quel est ton parcours et quel a été le déclic qui t’a amenée à l’art et à la création ?
J’ai travaillé de nombreuses années comme Directrice de création pour Dragon Rouge, Vitrac, Leuthe et Associés.
Après avoir rencontré mon mari viticulteur, Charles Guerbois, pour qui j’ai fait des étiquettes de vin, j’ai développé ma société entre Paris et la Touraine.
J’ai pu exercer dans les domaines du luxe, du packaging, de l’identité de marque, mais aussi de la décoration intérieure. Toutes ces approchges m’ont permis d’approfondir ma passion pour les couleurs, les matières, et les compositions de formes.
✦ Comment en es-tu venue à travailler cette technique ?
Il y a quelques années, j’ai décidé de me consacrer pleinement à ma pratique artistique alors je me suis inscrite aux ateliers des Beaux arts de Paris à Glacière.
Instinctivement en faisant des collages, j’ai retrouvé les gestes que j’utilisais lorsque je faisais des maquettes en 3D pour les packagings !
✦ Quel est ton processus de création ? Quels sont tes outils ?
Les collages constituent une part importante de mon travail.
J’aime beaucoup cette démarche de juxtaposition, de jeux de construction, de mise en dialogue des éléments, car elle s’effectue d’une manière très libre et intuitive. À partir de prélèvements issus de magazines, guidée souvent à l’origine par une envie de couleur ou d’atmosphère colorée, je découpe, taille dans les couleurs, puis je les assemble. Tailler dans la couleur est un vrai plaisir pour moi ! J’utilise un Exacto (un cutter pointu). C’est un peu comme sculpter en à-plat.
Pour les peintures sur toile, je décline et réadapte en grand format mes collages, ou parfois je réalise des petites compositions, au trait, avec un feutre noir fin. Je n’utilise jamais une couleur directement sortie du tube ! Trouver le juste poids de chaque note de couleur constitue un vrai plaisir sensuel et formel. Je garde précieusement mes recherches de teintes, une sorte d’archive de mes références.
✦ Décris-nous ton atelier, quel est ton environnement de travail et dans quelles conditions aimes-tu créer ?
Mon atelier partagé est à Meudon, je l’adore ! J’ai l’impression d’aller un peu à la campagne. Les moutons viennent tondre la pelouse, il y a des poules et des renards.
✦ Quelle est ta journée type ?
Il n’y a pas vraiment de journée type, mais je passe ma semaine à l’atelier.
En peignant, j’écoute des podcasts comme L’art est la matière, La 20e heure, Par les temps qui courent, et sur YouTube Les Apparences de Thomas Lévy-Lasne avec toutes ses interviews de peintres contemporains…
✦ T’arrive-t-il de « rater » des œuvres ?
Oui bien sûr, je les laisse en stand-by ou je les jette. Pour les grandes toiles, un bon coup de gesso, un peu de ponçage et c’est reparti !





SES INFLUENCES
✦ Quelle œuvre d’art choisirais-tu pour t’accompagner toute la vie ?
Un Calder, une sculpture de Chillida ou ses œuvres en papier découpés, superposés, suspendus ensemble avec de la ficelle : Les Gravitations.
✦ Quelle est l’exposition, artiste ou œuvre qui t’a le plus émue ?
Dernièrement, j’ai adoré l’exposition de Hockney même si je n’aime pas tout ce qu’il a fait, j’aime sa créativité, sa recherche infinie, sa réflexion, sa vitalité et son approche très positive des choses.
✦ Une pièce de mobilier design qui te fait rêver ?
Le fauteuil LC2 de Le Corbusier, pour le contraste entre ses formes rigides et son confort enveloppant… Ainsi que la cafetière La Conica d’Aldo Rossi ; d’ailleurs, ses croquis sont magnifiques.
✦ Quelles sont tes inspirations ?
Petite, j’adorais les miniatures Perses et Indiennes. Avec le recul, je m’aperçois que le traitement des couleurs en aplat, l’usage de la perspective dite « cavalière » (sans point de fuite), la délicatesse des couleurs, l’importance de la ligne, sont des éléments fondateurs dans mon travail.
J’apprécie une démarche qui cherche à éviter le superflu et à rechercher la simplicité des formes et la tension de la ligne. Naturellement, je pense à Ellsworth Kelly. Les architectes modernistes, l’influence du « Less is more » de Mies van der Rohe, mais aussi de Tadao Ando et Peter Zumthor, sont également de précieuses inspirations. En peinture, j’ai découvert assez récemment les peintures très graphiques de Nathalie du Pasquier.
Et pour ceux que j’apprécie depuis longtemps : Morandi, pour ses natures mortes aux tons rompus, Matisse et tout le travail de Sophie Tauber-Arp, malheureusement moins connue que son mari.
✦ Un endroit qui t’inspire et te ressource ?
L’Afrique du Sud pour son intensité lumineuse, ses paysages immenses, et l’Italie !
✦ Une couleur de prédilection ?
C’est difficile car je les aime toutes. Peut-être toute la gamme des bleus.


LAST BUT NOT LEAST !
✦ Avec ton expérience du monde de l’art, que dirais-tu à un artiste qui se lance aujourd’hui ?
Ce que m’avait dit un prof et que je me répète souvent « Fais toi confiance » et n’arrête pas de regarder, d’explorer de te nourrir et de travailler.
✦ Quel est le rôle de Wilo & Grove dans l’évolution de ton parcours en tant qu’artiste ?
Rencontrer Fanny & Olivia a été une grande chance, alors que je commençais ma carrière de « jeune artiste pas si jeune » ! La création est une démarche solitaire, avec parfois des moments de doute…
Être représentée et accompagnée par W&G est un soutien précieux. J’apprécie ces échanges avec Fanny & Olivia, un binôme de choc & charmant, où chacune avec sa personnalité apporte son regard sensible et professionnel. W&G est une galerie innovante et très dynamique. À ce titre, je les remercie de m’avoir exposée au Bon Marché.
✦ Un accident d’atelier ou un imprévu qui s’est intégré à ta technique ? Ou une anecdote que tu souhaiterais partager avec nos chers Wilovers
Je travaillais sur une toile tendue sur un panneau, à l’acrylique avec du Caparol, un liant qui fait office de colle. Je l’ai roulée et entreposée un certain temps. Lorsque je l’ai déroulée, la colle avait enlevé certaines parties. J’étais écœurée ! Puis, avec le recul, j’ai trouvé cela intéressant. J’ai retravaillé certaines parties, mais j’ai laissé d’autres parties arrachées.
Finalement, c’était l’histoire de l’œuvre, ce n’était peut-être pas un hasard. Cela amenait de la vie, de l’imperfection. Plutôt que de lutter contre les erreurs, j’avais envie de les intégrer à mon travail.
✦ Des projets à venir ?
J’ai commencé la céramique, une pratique qui demande beaucoup de patience, mais qui introduit le rapport au volume. Un nouveau terrain de jeu dans lequel évoluer !

