Caroline Oger Lauberton explore la matière tissée comme un territoire sensible, un espace de mémoire et de rigueur plastique. Son travail textile évoque des paysages intérieurs, subtils et méditatifs, où la matière devient langage. Sur ses châssis, elle assemble avec précision des étoffes anciennes – lin, chanvre – qu’elle plisse, découpe, enduit et sculpte à la main. Chaque pièce révèle une poésie du temps lent, entre rythme et respiration.
Ses inspirations plongent dans les paysages marins de son enfance : les traces laissées par la mer sur le sable, la lumière changeante sur les dunes, le vent dans les herbes hautes. Mais Caroline puise aussi dans l’art, l’architecture, les objets glanés. Ce sont les détails – une texture, un éclat de lumière – qui déclenchent l’élan créatif.
Sa technique, rigoureuse et intuitive, mêle transformation et composition. Elle collecte en France des tissus anciens, les traite parfois au thé ou au marc de café, puis les enduit d’une préparation naturelle. L’étoffe devient matière malléable, qu’elle façonne, découpe et assemble en bandes. La composition se fait ensuite sans croquis définitif, dans un équilibre subtil entre maîtrise et lâcher-prise. Le travail s’effectue dans l’atelier silencieux aussi bien qu’à l’air libre, au plus près de la nature et de la lumière.